La qualité et le commerce équitable des épices exotiques telles que le poivre, la cannelle et la vanille ne préoccupent guère les habitants de notre pays. Mais à Zanzibar, les cultivateurs d'épices locaux luttent pour leur survie tandis que les grands producteurs font fortune. Un jeune Suisse veut changer cela.

Directement débauché d'un cabinet d'avocats d'affaires zougois, Raphael Flury se rend à Zanzibar pour créer une entreprise dans l'environnement hautement compétitif du commerce des épices. Ce juriste de 30 ans a une vision : il veut révolutionner le commerce traditionnel des épices.

Alors que le commerce équitable est de plus en plus demandé dans d'autres secteurs commerciaux, la prise de conscience est encore faible en ce qui concerne les épices. Quelques gros producteurs continuent de dominer le marché et l'inondent de produits bon marché d'origine à peine déclarée. Tandis qu'ils s'en mettent plein les poches, les producteurs d'épices locaux luttent pour leur survie.

Raphael veut changer cela : en vendant directement des épices bio fraîches en Europe. Il fait ainsi d'une pierre trois coups. Les agriculteurs gagnent plus d'argent, car les nombreux intermédiaires disparaissent. Les forêts d'épices naturelles sont protégées de la déforestation par une production durable et les clients reçoivent des épices plus fraîches grâce à un transport direct. En revanche, les produits de la concurrence mettent jusqu'à cinq ans pour arriver et sont mélangés dans de nombreuses régions de production.

Nous plongeons dans les profondeurs de la fabuleuse forêt d'épices, où l'agriculteur Bakari saupoudre à la main les fleurs de vanille et roule des bâtons de cannelle aux formes parfaites, tandis que des grimpeurs téméraires récoltent des clous de girofle à la cime des arbres. Dans le pays d'exportation, nous réceptionnons la marchandise dans le magasin d'épices La Cucina, nous nous rendons en Allemagne pour la transformation industrielle des clous de girofle en Jägermeister et nous assistons à l'utilisation professionnelle du poivre de Zanzibar primé chez le célèbre chef Markus Arnold.

Avec sa stratégie, Raphael semble avoir touché le nerf de la guerre, car il a déjà plus de commandes que d'épices. La demande surprenante d'un nouveau gros client le met dans l'obligation d'agir, car la capacité des forêts d'épices naturelles de Zanzibar est déjà épuisée. S'il ne veut pas mettre en péril l'équilibre écologique, il a besoin de toute urgence de nouvelles zones de culture.

Dans l'est de la Tanzanie, dans les forêts pluviales brumeuses et intactes d'Usambara, Raphael voit des possibilités d'expansion. Mais la région n'est guère développée sur le plan logistique et les autorités corrompues s'opposent aux plans de Raphaël. Le mariage avec sa partenaire Saphira, qui l'a accompagné à Zanzibar, est imminent, ce qui l'absorbe encore plus.

Réussira-t-il à développer son entreprise sociale en Afrique sans être écartelé entre les exigences éthiques et la pression du marché ? Le commerce équitable, la préservation des ressources et la responsabilité sociale sont des thèmes urgents qui nous interpellent de plus en plus et nous concernent tous.